Investir en obligations d'État durables
Développement durable des pays émergents: update 2020
Abstrait
Au cours de la dernière décennie, les pays émergents se sont davantage intégrés dans le système financier mondial. Les obligations d'État à haut rendement de ces marchés ('emerging debt') ont suscité un intérêt croissant de la part des investisseurs dans le contexte de la faiblesse des taux historique dans les pays développés. Étant donné le risque plus élevé généralement associé aux actifs des marchés émergents et l'intérêt grandissant pour l'investissement socialement responsable (ISR), il est important de pouvoir évaluer si la dette émergente répond aux critères de stabilité économique, de bonne gouvernance, de relations sociales et d'environnement. Dans ce rapport d'analyse, nous faisons le point sur les résultats de la sélection du 'Baromètre KBC du développement durable Pays émergents', au profit des fonds ISR proposés par KBC Asset Management. Comme pour la sélection de 2019, les pays d'Europe centrale et orientale obtiennent de très bons résultats. Les pays de la région occupent les cinq premières places du classement des pays. Sur les 18 pays émergents éligibles à des investissements dans les fonds durables de KBC, 11 sont issus de cette région.
Au sein de KBC Groupe, le développement durable fait partie intégrante de la stratégie générale de l'entreprise. Les fonds d'investissement durable (appelés fonds ISR) en constituent une partie importante. Globalement, depuis le début des années 2000, les investissements ISR intègrent - outre des actions - plus souvent des obligations (voir l'encadré 1 à la page 3 pour un aperçu des fonds d'investissement durable de KBC). De la même manière que pour les actions ou les obligations d'entreprises, les investissements durables en obligations d'État requièrent un complément d'analyse. Il s'agit en réalité d'effectuer une analyse des pays ou, plus spécifiquement, d'analyser la place qu'accordent les autorités nationales au développement durable dans leurs politiques.sein de KBC Groupe
Jusqu'il y a peu, l'analyse annuelle du développement durable réalisée par le département de recherche de KBC pour les fonds ISR de KBC se limitait aux pays développés, c'est-à-dire aux pays de l'OCDE, aux États membres de l'UE ainsi qu'aux États candidats à l'adhésion. En 2017, nous avons introduit une analyse parallèle pour les pays émergents ('emerging markets'). Au cours des dernières décennies, les investisseurs tant privés qu'institutionnels ont manifesté un intérêt croissant pour des investissements dans les marchés émergents. Celui-ci reflète le potentiel de croissance souvent plus élevé des économies de ces pays et le rendement (mais aussi le risque) accru qui en résulte. Cela s'applique non seulement aux actions, mais aussi aux obligations (d'État). En conséquence, les analyses de durabilité des pays émergents sont devenues de plus en plus importantes.
Ce rapport décrit l'approche de screening développée par KBC dans le cadre de ses investissements en obligations d'État des pays émergents. Dans la première partie, nous délimitons le groupe de pays que nous incluons dans l'analyse de durabilité. Ne sachant pas trop quel pays doit être considéré comme émergent ou non, nous optons pour une délimitation la plus large possible. Dans la deuxième partie, nous examinons les critères de sélection des pays. Ces critères se divisent en cinq thèmes: (1) performances économiques générales et stabilité; (2) développement socio-économique de la population; (3) égalité, liberté et droits de l'homme; (4) performances et efforts environnementaux; (5) sécurité, paix et relations internationales. Dans la troisième partie, nous expliquons comment les scores des pays sont calculés sur la base de ces thèmes. Seuls les 25% de pays émergents ayant obtenu les meilleurs scores dans la sélection peuvent être intégrés dans les fonds ISR de KBC (l'univers d'investissement). Dans la dernière partie de ce rapport, nous présentons le résultat des calculs (le Baromètre KBC du développement durable Pays émergents). Au final, nous retenons 18 pays émergents dans lesquels les fonds ISR de KBC peuvent investir.
Définition des marchés émergents
Il n'existe pas de définition précise des 'marchés émergents', également appelés 'pays émergents' ou 'pays de croissance'. Les opinions divergent par conséquent largement quant aux pays appartenant ou non à ce groupe. La caractéristique la plus importante est qu'il s'agit de pays qui se développent rapidement et affichent une croissance économique relativement vigoureuse. Cette croissance se caractérise généralement par un afflux massif d'investissements directs étrangers, une forte industrialisation et une grande ouverture aux marchés internationaux extérieurs. Cela signifie que la croissance de leur produit intérieur brut (PIB) est principalement tirée par les exportations, bien qu'il existe aussi souvent un marché intérieur en forte croissance. Ces pays s'emploient à améliorer leurs infrastructures et leurs institutions, y compris leur système financier, social et politique. Cela signifie qu'ils sont en pleine transition et, bien que progressant rapidement, ils affichent actuellement un niveau de prospérité (PIB par habitant) qui est (significativement) inférieur à celui des pays développés. De plus, la transition ne se fait pas toujours en douceur ou progressivement, ce qui peut rendre leurs performances économiques volatiles et induire davantage de risques. En outre, les performances sont généralement moins conformes aux principes de durabilité (environnement, démocratie, etc.).
Comme il n'y a pas de critères stricts pour distinguer les pays émergents des pays développés, nous avons opté pour une définition large. Nous combinons en effet les différents critères des institutions internationales et de deux institutions financières qui sont généralement considérées comme des références pour les produits des marchés émergents. Les Nations unies (ONU), par exemple, n'appliquent pas une définition stricte aux 'économies émergentes', mais renvoient aux 'mainly middle-income developing and transition countries that are integrated into the global financial system'. Le terme 'middle income' fait référence à la classification des pays par les Nations unies en fonction de leur revenu national brut par habitant (RNB). La Banque mondiale classe également les pays en fonction du niveau de revenu par habitant et en quatre groupes différents: low, lower-middle, upper-middle, and high income. Les groupes de pays qui en résultent diffèrent quelque peu de ceux de l'ONU.
JP Morgan, une institution financière qui propose une gamme d'indices obligataires des marchés émergents considérés comme des références mondiales pour les investisseurs, tient également compte du RNB par habitant, entre autres facteurs. Pour être inclus dans l'indice mondial JP Morgan EMBI, un pays doit avoir un marché obligataire suffisamment liquide et son RNB doit rester inférieur à un Index Income Ceiling pendant trois années consécutives. Une autre institution financière, Morgan Stanley, prend en compte pour son indice MSCI Emerging Markets, un benchmark pour les marchés d'actions émergents mondiaux, plusieurs facteurs, tels que la taille, la liquidité et l'accès au marché, pour déterminer quels pays sont inclus.
KBC choisit de baser l'analyse de durabilité sur une sélection suffisamment large de marchés émergents potentiels. C'est pourquoi nous incluons dans l'exercice de sélection tous les pays qui entrent dans au moins une des quatre catégories suivantes: (1) est défini par les NU en tant que upper middle income country, (2) est défini par la Banque mondiale en tant qu'upper middle income country, (3) est intégré dans le JP Morgan EMBI Global Index, ou (4) est inclus dans le MSCI Emerging Markets Index. La première catégorie comprend 50 pays, la seconde 55, la troisième 73 et la quatrième 26. Comme les différentes catégories se chevauchent beaucoup, nous nous retrouvons avec une liste de 104 pays à analyser. Pour 23 de ces pays, les données disponibles sont toutefois insuffisantes pour procéder à une sélection pertinente et nous les excluons donc de l'exercice. Nous ajoutons à la liste de sélection trois pays supplémentaires qui ne répondent pas aux critères d'inclusion susmentionnés, à savoir l'Estonie, la Lettonie et la Slovénie. Il serait en effet incohérent de les exclure, puisque des pays ayant un RNB par habitant comparable, tels que la République tchèque et la Lituanie, sont inclus dans l'exercice de sélection. Cela porte à 84 le nombre de pays émergents à examiner.
La méthodologie utilisée implique que différents pays sont inclus dans la sélection, tant pour les pays développés que pour les pays émergents. Cela est concrètement le cas pour les nouveaux États membres de l'Union européenne (Pologne, République tchèque, Slovaquie, Hongrie, Slovénie, Bulgarie, Roumanie, Estonie, Lettonie et Lituanie) et pour la Corée du Sud, le Mexique et la Turquie (qui ont été inclus dans l'analyse des pays développés du fait de leur appartenance à l'OCDE). À l'exception de la Slovénie et de la République tchèque, tous ces pays se situent sous la 'barre de décision' (les 50% de pays les mieux notés) dans la sélection des pays développés et sont donc exclus de l'univers des pays dans lesquels les fonds ISR de KBC peuvent investir (la République tchèque se retrouve toutefois dans la 'zone d'attente' dans le cadre de la sélection des pays développés, ce qui demande une confirmation lors du prochain screening fin 2021).
Toutefois, vu que ces pays se situent à l'intersection des pays développés et des pays émergents, ils ont une seconde chance d'être inclus dans l'univers ISR de KBC s'ils obtiennent des résultats suffisants par rapport aux autres pays émergents. Étant donné que le nombre de marchés émergents à examiner est assez important par rapport à celui des pays développés (84 contre 44), le critère d'inclusion dans l'univers des investissements durables est relativement plus strict. En ce qui concerne les marchés émergents, un pays doit figurer parmi les 25% les plus performants du screening. Pour les pays développés, les 50% de pays ayant obtenu les meilleurs résultats sont le critère de sélection.
Encadré 1- Les fonds d'obligations durables de KBC
L'engagement de KBC à l'égard des investissements durables et socialement responsables ne date pas d'hier. Lancé en 1992, le KBC Eco Fund fut le premier fonds belge à investir dans des actions d'entreprises actives dans le secteur de l'environnement. Début 2002, KBC a également lancé le premier fonds obligataire durable sur le marché belge: le KBC Institutional Fund Ethical Euro Bonds, un compartiment de KBC Institutional Fund axé sur les investissements en obligations libellées en euro. Depuis lors, la gamme des fonds d'investissement durables de KBC s'est fortement étoffée, à la fois pour les clients privés et institutionnels. Pricos SRI, le premier fonds d'épargne-pension durable sur le marché belge, est venu compléter la gamme en 2018.
L'offre d'investissements durables de KBC compte aujourd'hui plus de 50 fonds, pour un encours sous gestion de plus de 15 milliards d'euros à fin septembre 2020. Les fonds d'obligations représentent environ un quart de ce montant. Certains de ces fonds investissent exclusivement en obligations d'entreprises. Pour sélectionner les entreprises, les gestionnaires de fonds de KBC Asset Management ont recours à l'analyse de durabilité. Pour les fonds qui investissent en obligations d'État, ils se fondent sur les résultats du modèle d'évaluation évoqué dans ce rapport. C'est par exemple le cas dans l'approche globale pour les clients, comme avec les fonds ExpertEase SRI.
Les 84 pays délimités lors de la première étape sont ensuite évalués sur la base d'un ensemble d'indicateurs de durabilité. Les données utilisées dans l'analyse proviennent de diverses sources. La majorité provient d'institutions internationales telles que le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et le Forum économique mondial (WEF). Des données standardisées sont disponibles pour la plupart des pays à des fins de comparaison. Une liste complète des sous-indicateurs et leur source se trouvent en annexe de ce rapport d'analyse.
Nous utilisons cinq thèmes principaux pour évaluer le développement durable des pays émergents: (1) performances économiques générales et stabilité; (2) développement socio-économique de la population; (3) égalité, liberté et droits de la population; (4) performances et engagement en matière d'environnement; et (5) sécurité, paix et relations internationales. Chaque thème est à son tour divisé en sous-indicateurs. L'encadré 2 fournit une description générale des thèmes et des indicateurs utilisés.
Les thèmes, sous-indicateurs et données utilisés pour mesurer le développement durable des pays émergents sont en grande partie les mêmes que ceux utilisés dans l'examen des pays développés, à deux exceptions près. Le sous-indicateur 'commitment to development' du cinquième thème sur la sécurité, la paix et les relations internationales est moins approprié pour mesurer le développement durable des pays émergents. Contrairement aux pays développés, l'on ne peut attendre des pays émergents qu'ils s'engagent massivement dans l'aide au développement, car ils ont eux-mêmes encore du chemin à parcourir pour rattraper leur retard en termes de prospérité. Nous avons donc décidé de ne pas prendre en compte ce sous-indicateur. Il y a également une légère différence en ce qui concerne le sous-indicateur 'performances macroéconomiques et absence de déséquilibres' au sein du premier thème en matière de performances économiques générales et de stabilité. Dans l'examen des pays développés, outre la croissance du PIB réel, l'inflation, le solde de la balance courante et le déficit public, le taux de chômage est également pris en compte pour calculer le sous-indicateur. Pour les pays émergents, le chômage n'est pas pris en considération car les chiffres ne sont pas disponibles ou fiables pour de nombreux pays.
Encadré 2- Les cinq thèmes et leurs sous-indicateurs
Les analyses de la durabilité des pays, et leur application dans le domaine de l'investissement, sont aujourd'hui encore nettement moins répandues que pour les entreprises. Le phénomène s'explique par l'absence d'une définition universelle de la notion de développement durable des pays. La variété et l'ampleur des objectifs et des missions des pouvoirs publics par rapport à la sphère privée peuvent également en être l'une des causes. La politique publique vise généralement à promouvoir de manière durable le bien-être général (c'est-à-dire le bien-être du plus grand nombre de citoyens possible). Ce bien-être est déterminé par une multitude de facteurs: prospérité matérielle, santé, développement personnel, justice, égalité des chances, libertés, absence de tensions sociales et politiques, sécurité, etc. Il importe également que cette expérience du bien-être ne se fasse pas aux dépens des générations futures, des citoyens d'autres pays ou du bien-être des animaux. C'est pourquoi les aspects tels que la durabilité environnementale ou la paix internationale doivent être explicitement pris en compte. Nous prenons en compte tous ces aspects dans cinq thèmes principaux, chacun d'entre eux étant à son tour subdivisé en sous-indicateurs.
Thème 1 - Performances économiques générales et stabilité
La prospérité d'une société repose sur la qualité et la stabilité de ses performances macroéconomiques. Par conséquent, le sous-indicateur 1.1 mesure la force et la stabilité de la croissance économique et l'absence de déséquilibres. Ce dernier élément implique la stabilité de la valeur de la monnaie (basse inflation) et un équilibre de la balance des paiements et du budget de l'État. Le modèle mesure la croissance réelle moyenne du PIB des cinq dernières années, de même que sa volatilité durant cette période. Concernant les déséquilibres, nous additionnons l'inflation, le déficit de la balance des paiements (en % du PIB) et le déficit public (en % du PIB). À nouveau, la moyenne est considérée sur cinq ans. Toutes les données proviennent de la base de données World Economic Outlook du FMI.
Outre la situation économique actuelle, nous prenons en compte le potentiel économique futur (sous-indicateur 1.2) et la qualité des institutions publiques (sous-indicateur 1.3). Pour le premier, il s'agit de l'adoption des nouvelles technologies et des efforts en matière de recherche et de développement. Pour le deuxième, il s'agit des institutions essentielles au soutien des activités économiques de marché, telles que la protection des droits de propriété, l'indépendance du système judiciaire et l'efficacité des dépenses publiques. Pour chacun de ces sous-indicateurs, nous utilisons le Global Competitiveness Index du Forum économique mondial, et plus particulièrement les sous-indices 'technological readiness', 'R&D innovation' et 'institutions'.
Thème 2: Évolution socio-économique de la population.
Outre les performances économiques et la stabilité, les gouvernements ont également pour objectif le développement économique et social de la population. Un premier indicateur que nous prenons en compte ici (sous-indicateur 2.1), comprend les mesures traditionnelles de développement, telles que fournies par la Banque mondiale: le PIB par habitant, la pauvreté de la population et l'espérance de vie de la population. Le sous-indicateur 2.2 mesure le taux d'éducation et d'emploi de la population. Il s'agit, d'une part, du sous-indice 'higher education and training' du Global Competitiveness Index du Forum économique mondial et, d'autre part, du taux d'emploi de la population (c'est-à-dire le rapport entre le nombre d'actifs et le nombre de citoyens de plus de 15 ans; la source est la Banque mondiale).
Le deuxième thème recouvre également la situation et les efforts politiques en matière de santé publique (sous-indicateur 2.3). Ceux-ci sont mesurés à l'aide des chiffres de l'Organisation mondiale de la santé relatifs au nombre de personnes employées dans le secteur des soins de santé (médecins, dentistes, pharmaciens et infirmiers, en pourcentage de la population) et aux dépenses publiques en matière de soins de santé (en pourcentage du PIB).
Thème 3 - Égalité, liberté et droits de l'homme
L'État a pour mission de limiter les inégalités entre les citoyens mais aussi de leur offrir des libertés et des droits afin qu'ils puissent se développer et prendre des initiatives. L'inégalité entre les citoyens est mesurée par le coefficient de Gini traditionnel calculé par la Banque mondiale (sous-indicateur 3.1). En ce qui concerne les droits politiques et les libertés individuelles, nous utilisons l'indice 'voice and accountability’ des indicateurs de gouvernance de la Banque mondiale (sous-indicateur 3.2). Celui-ci prend en compte tous les droits et libertés traditionnels (liberté d'expression, de religion, de la presse, de déplacement, etc.). Une attention spécifique est portée à l'exercice simple du droit à la libre entreprise (sous-indicateur 3.3). Ce résultat est mesuré par le classement 'ease of doing business' de la Banque mondiale.
Thème 4 - Performances et engagement environnementaux
Le modèle évalue également les progrès réalisés en termes de qualité environnementale (air, eau, biodiversité, etc.) ainsi que la réduction de la pression sur l'environnement (réduction des déchets, recul de l'épuisement des matières premières, etc.). Nous nous concentrons sur trois aspects: les performances environnementales (sous-indicateur 4.1), l'empreinte écologique (sous-indicateur 4.2) et le changement climatique (sous-indicateur 4.3).
Le premier aspect est mesuré à l'aide de l'Environmental Performance Index des universités de Yale et de Columbia. Il s'agit de mesures concernant la pollution de l'environnement, la biodiversité, la gestion des forêts, la surpêche, etc. La seconde est mesurée par l'Ecological Footprint du Global Footprint Network. Ce chiffre quantifie la surface biologiquement productive de terre et d'eau dont un groupe de la population a besoin pendant un an pour maintenir son niveau de consommation et pour traiter sa production de déchets. Le troisième aspect est mesuré par le Climate Change Performance Index, publié par Germanwatch. Cet indice compare les progrès réalisés en matière de protection du climat par les pays qui sont conjointement responsables de 90% des émissions de CO2. Ces pays sont évalués sur la base de leurs émissions, de leurs énergies renouvelables et de leur utilisation de l'énergie, ainsi que sur la base de l'évaluation de la politique climatique par des experts.
Thème 5 - Sécurité, paix et relations internationales
Le dernier thème se concentre sur l'existence et la réalisation de la sécurité et de la paix et sur les relations internationales entre les pays. La sécurité et la paix représentent l'un des besoins primaires les plus importants des citoyens et constituent en même temps des conditions nécessaires à la prospérité économique. Pour les mesurer, nous utilisons le Global Peace Index de Vision of Humanity (sous-indicateur 5.1). Celui-ci cartographie les conflits existants et mesure l'insécurité sur la base, par exemple, du nombre de meurtres et d'attentats et de la facilité avec laquelle il est possible d'acheter des armes.
Les relations internationales entre les pays sont évaluées en fonction de leur disposition à ouvrir leurs frontières et à conclure des traités internationaux (sous-indicateur 5.2). Nous mesurons la première grâce à l'Index of Globalisation du KOF Institute. Ce dernier prend en compte la mondialisation économique, sociale et politique. Le niveau d'adhésion d'un pays aux traités internationaux est mesuré comme une moyenne du nombre de traités majeurs qu'un pays a signés et/ou ratifiés en matière de droits de l'homme, de droits du travail et d'environnement.
Le score de durabilité des pays basé sur les cinq thèmes est déterminé en trois étapes. Dans un premier temps, les séries de données brutes sont normalisées au niveau des sous-indicateurs. Cela signifie que pour chaque série de données, les valeurs brutes des pays sont converties en une note entre zéro et un, le pays le moins performant obtenant la note zéro et le pays le plus performant la note un. La moyenne des séries est ensuite calculée pour obtenir un score pour le sous-indicateur en question. Chaque série se voit attribuer une pondération identique.
Dans une deuxième étape, nous calculons la moyenne (également avec une pondération égale) des sous-indicateurs par thème pour parvenir à un score pour chacun des thèmes. Cette moyenne est ensuite normalisée entre zéro et un, ce qui donne à nouveau la valeur de un au pays le plus performant et de zéro au pays le moins performant. Si une valeur manque pour l'un des sous-indicateurs, la note du thème est calculée sans ce sous-indicateur. Si les données relatives à un pays ne sont disponibles que pour moins de 80% des sous-indicateurs - c'est-à-dire si trois ou plus des 14 sous-indicateurs sont manquants -, le pays est exclu de l'exercice de sélection.
Dans l'étape finale, nous prenons la moyenne des notes standardisées pour les cinq thèmes (toujours avec une pondération identique). En standardisant cette moyenne entre zéro et un, on obtient le Baromètre KBC du développement durable Pays émergents.
Le nombre de pays analysés dans le cadre du screening des pays émergents correspond environ au double de celui employé pour les pays développés. Dans la mesure où les pays émergents, de manière générale et en termes absolus, sont moins durables que les pays développés, nous nous montrons plus stricts dans la sélection des pays au sein de l'univers d'investissement. Concrètement, seules les obligations d'État des 25% des pays émergents les plus performants sont éligibles pour les fonds d'investissement durables de KBC.
Nous appliquons en outre le principe de la 'zone d'attente' pour éviter que les pays ne 'jouent à saute-mouton' au-dessus de la barre de décision de 25%, en étant inclus, puis exclus de l'univers d'investissement d'une année à l'autre. Concrètement: les pays qui dépassent cette barre de décision, mais qui restent dans une fourchette comprenant les deux pays juste au-dessus et les deux pays juste en dessous de cette barre, n'ont pas d'impact sur l'univers d'investissement. Ce n'est que lorsque la nouvelle position au-dessus ou en dessous de la limite est confirmée lors de l'analyse suivante que nous ajustons l'univers d'investissement. Tous les autres dépassements de la limite de 25% ont bien un effet immédiat sur l'univers d'investissement.
Enfin, KBC applique un critère d'exclusion supplémentaire. Celui-ci est basé sur une liste que nous établissons annuellement sur les 'régimes controversés' et qui prend en compte les données pour 197 pays concernant les Political Rights and Civil Liberties de Freedom House et des Worldwide Governance Indicators de la Banque mondiale. KBC exclut les quinze pays les plus controversés de tous les fonds d'investissement. Pour les fonds durables, nous allons encore plus loin: nous excluons de l'univers d'investissement toutes les obligations d'État qui figurent dans la moitié supérieure de la liste qui est élaborée pour identifier les régimes controversés (même s'ils appartiennent aux 25% des pays les plus performants dans l'exercice de screening qui fait l'objet de ce rapport d'analyse).
Dans la mise à jour de fin 2020, nous avons introduit une sélection worst-in-theme supplémentaire. L'objectif est de déterminer si un pays qui obtient un score supérieur à la barre des 25% appartient néanmoins aux pays les moins performants (c'est-à-dire aux 10% inférieurs) pour un (ou plusieurs) des cinq thèmes. En consultation avec le SRI Advisory Board, il peut alors être décidé d'exclure malgré tout un tel pays de l'univers d'investissement. Toutefois, cela ne semble être le cas pour aucun des pays concernés.
L'analyse de durabilité des pays émergents, par analogie avec celle des pays développés, est actualisée chaque année. Le screening est envisagé en tant que donnée dynamique et est, si nécessaire, adapté aux nouvelles tendances en matière de développement durable. KBC bénéficie de l'assistance d'un collège d'experts indépendant, le SRI Advisory Board, concernant les différents aspects du développement durable.
Résultats de la sélection
Les 25% supérieurs des 84 pays émergents examinés donnent 21 pays (voir tableau 1). Les Émirats arabes unis et le Belarus se classent relativement haut dans le baromètre du développement durable (15e et 17e respectivement) grâce à de solides performances en matière de stabilité macroéconomique et de développement socio-économique. Toutefois, les deux pays figurent également dans la moitié supérieure de la liste des régimes controversés susmentionnés. Ils sont par conséquent toujours exclus de l'univers des investissements durables. En outre, comme mentionné précédemment, il existe une période d'attente pour les pays qui dépassent la barre de décision mais restent dans la 'zone d'attente' de deux pays en dessous et au-dessus de la barre. C'est le cas de la Serbie, qui se classe 20e dans le baromètre du développement durable. Si le pays fait à nouveau partie des 25% de pays les plus performants lors de la prochaine sélection, il pourra alors être ajouté à l'univers des investissements durables. En fin de compte, l'exercice de sélection aboutit à 18 pays émergents dans lesquels les fonds ISR de KBC peuvent investir (voir tableau 1).
Parmi ces pays, la République tchèque, la Slovénie et la Lituanie sont en tête du classement, respectivement en première, deuxième et troisième place. La République tchèque obtient de très bons résultats pour les thèmes 5, 2 et 3 (respectivement 1ère, 2ème et 3ème place), mais fait un peu moins bien (respectivement 10ème et 24ème place) pour les thèmes 1 et 4. Les résultats de la Slovénie suivent une tendance similaire, tandis que la Lituanie obtient de bons résultats dans tous les domaines (elle décroche même une première place pour le thème 4 'Performances et engagement environnementaux').
En général, les pays d'Europe centrale et orientale obtiennent de très bons résultats: sur les 18 pays sélectionnés, 11 sont issus de cette région. Ce sont des pays qui sont également inclus dans notre sélection des pays développés, car ils sont membres de l'Union européenne. Dans le classement des pays développés, seule la Slovénie est suffisamment bien classée pour être incluse dans l'univers des investissements durables par rapport à ce groupe de pays (comme mentionné précédemment, dans la dernière mise à jour, la République tchèque se trouve dans la 'zone d'attente' au-dessus de la barre des 50% dans la sélection des pays développés). Comme les pays concernés peuvent être classés à la fois comme des économies développées et des économies émergentes, le screening des marchés émergents leur donne une 'seconde chance' d'être inclus dans l'univers des investissements durables de KBC.
La liste finale des pays sélectionnés dans l'univers d'investissement est conforme à la liste que nous avons préparée lors de la précédente sélection des pays émergents fin 2019. Il n'y a donc pas de changement. Les seuls pays qui ont suffisamment progressé dans le classement et qui ont franchi la barre des 25% sont la Serbie, qui se retrouve dans la 'zone d'attente' et demande confirmation lors de la prochaine sélection fin 2021, et les Émirats arabes unis, qui sont exclus en raison de leur statut de régime controversé. Aucun pays figurant jusqu'à l'an dernier dans l'univers des investissements n'est passé sous la barre des 25%.
En résumé, l'univers d'investissement des fonds ISR de KBC se compose désormais des 18 pays émergents suivants: République tchèque, Slovénie, Lituanie, Estonie, Slovaquie, Corée du Sud, Lettonie, Roumanie, Hongrie, Croatie, Pologne, Grèce, Chili, Uruguay, Malaisie, Maurice, Bulgarie et Costa Rica.
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Notes de bas de page
1 Pour la dernière mise à jour de l'analyse de durabilité des pays développés, voir le Rapport d'analyse de KBC, 'Investir en obligations d'État durables: Développement durable des pays développés update 2020' (26 janvier 2021)..
2 À noter que pour entrer dans le calcul du baromètre de développement durable, des données doivent être disponibles pour au moins 80% des sous-indicateurs considérés
Annexe : Thèmes et sous-indicateurs détaillés du baromètre de la durabilité de KBC
Theme 1 - General economic performance and stability
Indicator 1.1: Macroeconomic Performance & Absence of Disequilibria (Source: own calculation based on IMF data)
- Real GDP growth (%, average of past 5 years) (25%)- Volatility of economic growth (standard deviation of real GDP growth over past 5 years) (25%)
- Sum of inflation (%), current account deficit (% of GDP) and government deficit (% of GDP) (average of past 5 years) (50%)
Indicator 1.2: Future Business Potential (Source: sub-index from Global Competitiveness Index, World Economic Forum)
Technological Readiness (agility with which an economy adopts existing technologies to enhance productivity) (50%):
- Availability of latest technologies, firm-level technology absorption, FDI and technology transfer
- Internet users, broadband Internet subscriptions, Internet bandwidth
- Mobile broadband subscriptions, mobile telephone subscriptions
R&D innovation (design and development of cutting-edge products and processes to maintain a competitive edge) (50%):
- Capacity for innovation, quality of scientific research institutions
- Company spending on R&D
- University/industry research collaboration in R&D
- Government procurement of advanced technology products
- Availability of scientists and engineers-
Patent applications, intellectual property protection
Indicator 1.3: Public and private institutions (Source: sub-index from Global Competitiveness Index, World Economic Forum)
- Property rights, intellectual property protection
- Ethics and corruption: diversion of public funds, public trust of politicians, irregular payments and bribes
- Undue influence: judicial independence, favouritism in decisions of government officials
- Public-sector performance: Wastefulness of government spending, burden of government regulation, efficiency of legal frame-work, transparency of government policymaking
- Business costs of terrorism/crime/violence, organized crime, reliability of police services
- Ethical behaviour of firms
- Accountability: strength of auditing and reporting standards, efficacy of corporate boards, protection of minority shareholders’ interests, strength of investor protection
Theme 2 - Socio-economic development of populationIndicator
2.1: Core Development Indicators (Source: World Bank)
- GDP per capita (33%)
- Poverty rate (population living below 50% of median income) (33%)
- Life expectancy at birth (number of years) (33%)
Indicator 2.2: Commitment to Education & Employment
Higher education and training index (50%) (Source: sub-index from Global Competitiveness Index, World Economic Forum)
- Secundary education enrolment rate
- Tertiary education enrolment rate
- Quality of the educational system
- Quality of math and science education & quality of management schools
- Internet access in schools
- Local availability of specialized research and training services
- Extent of staff training
Employment rate (50%) (Source: World Development Indicators, World Bank)
- People employed as a % of people aged 15+
Indicator 2.3: Commitment to Health
Healthcare Workforce (50%) (Source: World Health Organisation)
- Number of healthcare workers (physicians, dentist, pharmacists, nurses) (per 100 000 population)
Healthcare Expenditures (50%) (Source: World Health Organisation)
- Public expenditures on health (% of GDP)
Theme 3 - Equality, freedom and rights of the population
Indicator 3.1: Prevalence of Inequality (Source: World Development Indicators, World Bank)
- GINI coefficient
Indicator 3.2: Voice, Political Rights and Civil Liberties (Source: sub-index Voice and Accountability from Governance Indicators, World Bank)
Measuring (perceptions of) the extent to which a country’s citizens are able to participate in selecting their government, as well as freedom of expression, freedom of association, and a free media:
- Civil liberties: Freedom of speech, of assembly and demonstration, of religion, equal opportunity, of excessive governmental intervention
- Political Rights: free and fair elections, representative legislative, free vote, political parties, no dominant group, respect for minorities
- Freedom of the Press
- Travel: domestic and foreign travel restrictions
- Imprisonments: Are there any imprisoned people because of their ethnicity, race, or their political, religious beliefs?
- Democratic Accountability. Quantifies how responsive government is to its people, on the basis that the less response there is the more likely is that the government will fall, peacefully or violently. It includes not only if free and fair elections are in place, but also how likely is the government to remain in power
- Representativeness: How well the population and organized interests can make their voices heard in the political system
Indicator 3.3: Ease of Doing Business (Source: index Doing Business, World Bank)
- Starting a business
- Dealing with construction permits
- Getting electricity
- Registering property
- Getting credit
- Protecting minority investors
- Paying taxes
- Trading across borders
- Enforcing contracts
- Resolving insolvency
Theme 4 - Environmental performance and commitment
Indicator 4.1: Environmental Performance Index (Source: Yale University & Colombia University in collaboration with World Economic Forum)
- Environmental burden of disease
- Water (effects on humans): adequate sanitation & drinking water
- Air pollution (effects on humans): indoor air pollution, urban particulates, local ozone
- Water (ecosystem vitality): water quality index, water stress
- Air pollution (ecosystem vitality): regional ozone, sulphur dioxide emissions
- Biodiversity & habitat: conservation risk index, effective conservation, critical habitat protection, marine protected areas
- Forestry: growing stock
- Fisheries: marine trophic index, trawling intensity
- Agriculture: irrigation stress, agricultural subsidies, intensive cropland, burnt land area, pesticide regulation
- Climate change: emissions/capita, emissions/electricity generated, industrial carbon intensity
Indicator 4.2: Ecological Footprint (Source: Global Footprint Network)
- Extent of human demand on ecosystems (global hectares per person)
Indicator 4.3: Climate Change Performance Index (Source: Germanwatch, Climate Action Network International & the New Climate Institute)
- Per-capita emissions trend in four sectors (energy, transport, residential, industry) (50%)
- Absolute, energy-related CO2 emissions (30%)
- Evaluation of the countries’ domestic as well as international climate policy (20%)
Theme 5 - Security, peace and international relationships
Indicator 5.1: Global Peace Index (source: Vision of Humanity)
Measures of Ongoing Domestic and International Conflict:
- Number of external and internal conflicts fought: 2001-06
- Estimated number of deaths from organised conflict (external)
- Number of deaths from organised conflict (internal)
- Level of organised conflict (internal)
- Relations with neighbouring countries
Measures of Societal Safety and Security:
- Number of displaced people as a percentage of the population
- Political instability
- Level of disrespect for human rights (Political Terror Scale)
- Potential for terrorist acts
- Number of homicides per 100,000 people
- Level of violent crime
- Likelihood of violent demonstrations
- Number of jailed population per 100,000 people
- Number of internal security officers and police per 100,000 people
Measures of Militarization:
- Military expenditure as a percentage of GDP
- Number of armed services personnel per 100,000 people
- Volume of transfers (imports) of major conventional weapons per 100,000 people
- Volume of transfers (exports) of major conventional weapons per 100,000 people - UN Deployments 2007-08 (percentage of total armed forces)
- Non-UN Deployments 2007-08 (percentage of total armed forces)
- Aggregate number of heavy weapons per 100,000 people
- Ease of access to small arms and light weapons
- Military capability/sophistication
Indicator 5.2: Commitment to Development Index - Not applicable for emerging markets
Indicator 5.3: Index of Globalisation (Source: KOF Institute; United Nations for International Treaties, ILO)
Measures of Economic Globalisation (data on flows and on restrictions; Source: sub-index from KOF-Index of Globalisation) (20%):
- Trade (% of GDP)
- Foreign direct investments (flows & stocks, % of GDP)
- Portfolio investment (% of GDP)
-Income payments to foreign nationals (% of GDP)
- Hidden import barriers
- Taxes on international trade (% of current revenue)
- Capital account restrictions
Measures of Social Globalisation (data on personal contact, information flows and cultural proximity; Source: sub-index from KOF-Index of Globalisation) (20%):
- Outgoing telephone traffic
- International tourism (% of total population)
- Foreign population (% of total population)
- International letters (per capita)
- Internet users (per 1000 people)
- Cable television (per 1000 people)
- Trade in newspapers (% of GDP)
- Radios (per 1000 people)
- Number of McDonald’s restaurants and Ikea (per capita)
- Trade in books (% of GDP)
Measures of Political Globalisation (Source: sub-index from KOF-Index of Globalisation) (20%):
- Number of embassies
- Membership of international organisations
- Participation in UN Security Council Missions
Ratification of International Treaties (Source: United Nations, ILO) (20%):
Status of Major International Human Rights Instruments:
- International convention on the prevention and punishment of the crime of genocide
- International convention on the elimination of all forms of racial discrimination
- International convenant on civil and political rights
- International convenant on economic, social and cultural rights
- Convention on the elimination of all forms of discrimination against women
- Convention against torture and other cruel, inhuman or degrading treatment or punishment
- Convention of the rights of the child
- International convention for the protection of all persons from enforced disappearance
- Convention on the rights of persons with disabilities
- International Convention on the Protection of the Rights of All Migrant Workers and Members of their Families
Status of Fundamental Labour Rights Conventions:
- Freedom of association and collective bargaining
- Elimination of forced and compulsory labour
- Elimination of discrimination in respect of employment and occupation
- Abolishment of child labour
Status of Major Environmental Treaties:
- Cartagena protocol on biodiversity
- Framework convention on climate change
- Kyoto protocol to the framework convention on climate change
- Convention on biological diversity
- Vienna Convention for the Protection of the Ozone Layer
- Montreal Protocol on Substances that deplete the Ozone Layer
- Stockholm Convention on Persistent Organic Pollutants
- Convention to Combat Desertification